Du 29 août au 1er septembre 2025, une rave qui a rassemblé plus de 2000 personnes s’est tenue à Fontjoncouse dans l’Aude, sur les cendres encore chaudes du cinquième grand feu de l’été dans les Corbières. Un dispositif répressif s’est progressivement mis en place dans le week-end qui n’a pas empêché des habitants de s’en prendre violemment aux teufeurs. Le Tiers-lieu paysan Beauregard communique.

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Les bénévoles engagés dans l’opération Corbières Solidaires Grands Feux font état de leur totale incompréhension d’avoir vu se tenir une rave sur la commune de Fontjoncouse, au cœur même de la zone sinistrée sur laquelle ils interviennent quotidiennement depuis plusieurs semaines.

Au Tiers-lieu paysan Beauregard, la cause que nous défendons est celle des paysans qui subissent des rapports de domination à l’origine de leur disparition. Une agriculture sans paysan se préfigure avec l’emballement de l’agriculture industrielle comme modèle dominant pour la production de nos aliments. Le système alimentaire est désormais piloté par des firmes qui imposent leur course productiviste. Dans les Corbières en particulier, le sacrifice des paysans raconte l’histoire de la disparition des communautés qu’ils composaient, malgré les luttes engagées dans les années 60 et 70 pour vivre dignement au pays.

Les teufeurs qui légitiment le choix de la zone sinistrée comme un lieu propice, car il n’y avait plus rien à détruire après le passage du feu, alimentent un récit agressif à l’encontre de tous les vivants qui peuplent nos Corbières, qu’ils soient humains ou non-humains.

Les teufeurs qui légitiment le choix de la zone sinistrée comme un lieu propice pour le décor apocalyptique qu’il leur offre, alimentent le récit nauséabond d’un néocolonialisme touristique qui stigmatise les habitants.

Les teufeurs qui légitiment le choix de la zone sinistrée comme un lieu propice à l’expression de leurs revendications anticapitalistes, apportent leur contribution positive aux rapports de dominations qui écrasent les premiers concernés du sinistre.

Les larmes des sinistrés ont brutalement laissé place à l’expression d’une colère ardente. Mais comment pouvait-il en être autrement ?

Cette colère s’est retournée contre les teufeurs, des véhicules ont été mis à sac sous l’œil des gendarmes et des CRS dont nous connaissons bien, nous, le goût des matraques depuis la criminalisation des mouvements écologistes. Le préfet de l’Aude annonce un bilan de zéro victime. Nous lui adressons ce message : les victimes du week-end sont nombreuses et plurielles.

Nous ne nous satisfaisons pas d’un déchainement de violence qui sera immédiatement instrumentalisé par nos opposants politiques. Pendant que les agriculteurs castagnent les teufeurs, nos ennemis appellent à plus de surveillance, de contrôle et de répression policière.

Le Tiers-lieu paysan s’est constitué en base arrière du sinistre et accueille quotidiennement depuis quatre semaines les larmes mélangées des sinistrés et des bénévoles. Nous sommes un refuge qui abrite la colère paysanne et notre mouvement est durablement installé. Il nous faudra beaucoup de travail pour faire de ces larmes et de cette colère une puissance de transformation sociale pour reconstruire les Corbières autrement.

Nous ne tomberons pas dans le piège de l’amalgame et refusons de condamner le mouvement freeparty dans son ensemble. Nous renvoyons les organisateurs de la rave de Fontjoncouse au vide politique de leur choix indigne qui conforte les rapports de domination en place dans les Corbières.

Collectif Tiers-lieu paysan Beauregard dans les Corbières